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Association des Praticiens du Souffle

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La thérapie par le souffle


Communication à l'association de sophia-analyse

La thérapie par le souffle, aussi appelée Rebirth, a été introduite en Belgique par Marguerite Joris dans les années 80.
Marguerite Joris fut formée à Paris par Dominique Levadoux, elle-même formée à San Francisco par Léonard Orr qui l'a expérimentée et y a trouvé un grand intérêt thérapeutique.

Cette thérapie est basée sur l'hyperventilation. Elle nous permet d'atteindre notre vécu profond, émotionnel et touchant ainsi les racines, elle dénoue pas mal de choses assez rapidement.

Comment cela se passe-t-il ?
  • Un premier rendez-vous est consacré à la prise de contact et à une brève anamnèse :
    Quelle est la demande ? Pouvons-nous travailler ensemble ? Pose du cadre et réponses aux questions sur la méthode.
  • Déroulement d'une séance de Rebirth :
  • Un temps de parole ( plus ou moins 15' à 20')
    Un temps de relaxation en position couchée
  • Le temps de la respiration proprement dite : amplification de la respiration de manière à obtenir un état modifié de conscience.
  • Un second temps de parole.
  • Une reprise de contact avec le réel

Que se passe-t-il au cours de l'hyperventilation ?
Cette hyperventilation produit dans le cerveau une augmentation de l'oxygène puis une vasoconstriction qui met quelque peu hors circuit le cerveau associatif et donne libre cours au cerveau limbique qui est le siège des émotions.(cerveau reptilien)

Chaque séance apporte une nouvelle expérience. Une séance n'est pas l'autre. On ne peut jamais prévoir ce qui va surgir, ce qui va se passer. On ne programme pas. Néanmoins, rien n'empêche la personne de commencer à respirer en se centrant sur ses difficultés actuelles mais peut-être qu'un autre matériel va se pointer.

L'accompagnateur observe le mode respiratoire de la personne :
  • Quelles sont les zones qui respirent (gorge, poitrine, ventre)
  • Quel est le rythme respiratoire inspire-expire (temps égal pour les deux ou pas) ?
  • Souvent l'hyperventilation modifie l'équilibre énergétique, le rythme de la respiration peut changer, s'accélérer, s'approfondir, se ralentir . . . .
  • Quelques indications peuvent être données petit à petit.

Comme je respire, je vis.
Comme je vis, je respire.


Hypothèse : " on peut saisir là - intellectuellement - sa manière de vivre. "
  • Vous soufflez trop à l'expire alors que l'air sortirait bien tout seul. Vous en faites probablement trop, vous faites des efforts là où les choses se feraient bien d'elles-mêmes ?
  • Vous prenez peu, vous rendez beaucoup (donateur ?) " Prend tout l'air qu'il te faut, il y en a tant que tu veux, tu ne prives personne "
  • Vous prenez l'air, vous arrêtez . C'est le type respiratoire de l'asthmatique. Vous avez peur de le laisser partir ?
  • Vous traînez sur l'expiration. Vous n'avez pas envie de vous remettre au travail pour inspirer ?
  • Vous contrôlez l'air qui sort. Vous voulez tout faire vous-même, vous ne pouvez pas laisser faire ? C'est particulièrement difficile de se défaire de l'expiration forcée. Elle correspond à notre mentalité, notre éducation productrice : il faut toujours faire quelque chose et …. pourquoi tout ce travail là où les choses se feraient bien sans effort, naturellement ?
    C'est toujours une façon d'être …, faire confiance aux forces naturelles qui agissent pour moi amène un changement d'attitude face à la vie et à ses événements.Une respiration bien liée, roulée, non coupée, permet de ressentir dans son corps des courants de sensations continus, non interrompus …, elle stimule notre mémoire corporelle. Je réintègre mon corps souvent hyper-contrôlé par ma tête.

Le but n'est pas d'atteindre une discipline respiratoire, mais, au contraire, de laisser émerger des respirations variées, spontanées, qui sont chaque fois une expérience différente et qui amènent des contenus d'expériences très inattendues.

La retenue respiratoire est souvent liée à une retenue d'émotions (" j'en ai eu le souffle coupé ", dit-on souvent). Libérer sa respiration, ce serait aussi libérer ses émotions retenues.

Libérer sa respiration, c'est parfois, pour certains, repasser par les premières expériences respiratoires, la peur qui a accompagné le premier souffle. C'est pourquoi actuellement, dans les naissances sans violence, on laisse le temps au bébé de prendre son premier souffle sans lui couper brusquement le cordon ombilical.

C'est à travers ces différentes expériences respiratoires que l'on peut arriver à avoir une respiration spontanée plus ample, sentir de plus en plus souvent une respiration profonde qui nous prend et qui est une grande ressource dans le stress et les douleurs physiques.
Se détendre, accepter, faire avec, respirer.

C'est ici que la présence de l'accompagnateur est importante.
L'accompagnateur est assis à côté de la personne qui respire.
Il observe, donne quelques conseils parfois.
Mais, il est surtout une "présence", c'est la qualité de cette présence à l'autre qui est primordiale, c'est elle qui donne la sécurité, la confiance pour amener la personne accompagnée à aller jusqu'au bout de son expérience, lui permettre de lâcher prise, l'inciter à continuer à respirer au travers de ce qui se passe " Accepte, laisse faire, respire dedans, ça va se dissoudre… " Ce n'est pas toujours facile.
" Consentir, faire le vide et traverser dans le souffle au lieu de se braquer et de lutter ". En nous opposant, nous nous faisons mal, nous voulons que celà cesse en le faisant durer.
Si nous lâchons prise et laissons passer, tout en y étant présent, celà passe et se dissout.

L'accompagnateur est au service de l'autre.
Il est impressionnant de voir combien le moindre de ses mots ou gestes peut induire chez la personne qui est en état d'hyperventilation :
  • Une main posée sur le diaphragme, geste que je fais souvent pour accompagner les mouvements respiratoires, est parfois vécu comme une présence bienfaisante ou, au contraire, comme un poids empêchant la respiration.
  • Un coussin placé aux pieds et visant à donner de la stabilité sera apprécié ou rejeté comme une gêne.
  • Un coussin au niveau de la tête et un au niveau des pieds peut être ressenti comme un contenant ou, au contraire, comme une cage, un enfermement.
  • Une couverture roulée autour de la tête, perçue comme les bras de la maman ou, au contraire, comme une chape de plomb, un plafond.
  • Une écharpe autour du cou peut-être : je ne peux plus m'échapper, je dois vivre ce que je vis !
  • Les mains sur la tête peuvent suggérer le passage hors du vagin et donner une envie de pousser pour en sortir…..etc….

C'est à l'accompagnateur de percevoir et de sentir en fonction des mimiques du visage, des mouvements du corps si une intervention de sa part semble convenir ou pas.
De toute façon, ce ressenti sera verbalisé par la suite et mis en lien avec le vécu de la personne, vécu actuel, vécu antérieur.

Que peut ressentir une personne en hyperventilation, dans un état modifié de conscience ?
  • Des tétanies dans les jambes : "elles sont comme du béton", " on dirait que j'avais des piquets fixés profondément dans le sol ".
  • Des tétanies dans les mains, dans les bras. Les tétanies qui peuvent évoluer vers les lévitations des mains, des bras, des extensions des bras en forme de croix, paumes des mains tournées vers le haut.
  • Des blocages au niveau de la cage thoracique liés à l'image de grillages, de cases chez quelqu'un qui a été formaté durant toute son enfance, qui n'a pas pu choisir ni ses études ni ses amis…
  • Des picotements dans les membres, dans le visage, des courants d'énergie.
  • Des tétanies de la bouche.
  • Des larmes qui coulent des yeux chez quelqu'un dont la mère n'avait pas osé annoncer la naissance au père (fille).
  • Un sentiment de très grande solitude chez quelqu'un qui a appris par la suite que sa mère était en profonde dépression au moment de sa naissance.
  • Chaudes larmes liées au fait de ne jamais trouver sa place.
  • Une personne en grande souffrance physique retrouve en fin de cycle le vécu de bien-être ressenti au contact de son cheval … " la sensation d'être "… " la vie "… se retrouve comme si elle était encore couchée dans l'herbe de son jardin d'enfance...
  • Se sentir comme un bébé dans les bras de sa mère qui danse en présence du papa.
  • Sentiments de solitude, de colère, de haine, de tristesse, mais qui se transforment en sensations de relâchement, de rire, de paix, de plénitude, de sérénité, de grande lumière.
  • "Une porte s'ouvre sur une vaste campagne…".
  • " Je suis entourée d'un halo de lumière intérieure "
  • " je me suis retrouvé petit garçon insouciant gambadant dans mon jardin "
  • " Je suis bien, je suis en paix, je respire calmement à mon rythme "

Je laisse la personne profiter un moment de cet état, de s'en imprégner, j'attends qu'elle ouvre les yeux et s'adresse à moi.
Ce vécu-là est porteur de l'expérience " Renaître ", renaître à autre chose, à un autre ressenti souvent peu contacté.

L'expérience " Renaître " n'est pas une thérapie brève au sens habituel du terme en ce sens qu'elle ne travaille pas sur les problèmes et ne cherche pas à atteindre tel ou tel traumatisme, tel nœud à défaire.
L'essentiel de la méthode est d'être disponible à ce qui vient, à laisser faire, se laisser prendre sans réagir, être à l'écoute des sensations, bruits, images et surtout les garder à l'intérieur de soi, les laisser s'accumuler et continuer à respirer dedans. Cette respiration amène un matériel très profond, des émotions enfermées qui, si on lâche prise, s'expriment à l'état brut, sans contrôle mental. Que ce soit de la tristesse - laisser couler les larmes -, de la colère - laisser sortir son cri, un " non ", frapper sur des coussins -, l'angoisse - se sentir écrasé, comprimé, éjecté, oppressé, abandonné, ou que ce soit, au contraire, de la joie, un éclat de rire, un grand bonheur, une grande aura, une grande paix.
L'important est d'être attentif au vécu de la séance, émotions, manifestations physiques, tétanies, picotements, sensations de froid intérieur ou de chaleur, lévitations des bras, des mains (" laisser faire et continuer à respirer dedans "), c'est très impressionnant pour certains mais, dès qu'ils ont fait l'expérience qu'en continuant à respirer, tout se dissout et ils sont rassurés.

D'autant plus que, après le temps de respiration, lorsque nous abordons la phase de verbalisation, ils peuvent faire des liens autour de leurs tétanies et des mouvements qu'ils cherchaient à réprimer :
  • envie de donner un coup de pied, une baffe...
  • envie de s'enfuir...
  • envie de mordre, de crier, de hurler, bouche ouverte...
  • envie de gigoter comme un bébé (pieds et poings liés, ou emmaillotés)...
  • en avoir plein le dos, courber la nuque...
  • Ne pas pouvoir penser (étau autour de la tête)...
Ils peuvent aussi faire des liens entre les consignes et leur vécu. Ainsi quelqu'un qui avait eu des parents trop normatifs, vivait ma demande comme une contrariété et n'arrivait pas à lier inspire et expire. Je lui ai laissé le choix " respire ou ne respire pas comme je le suggère, tu viens ici pour toi, c'est à toi de faire ton choix, de prendre ta décision " Et…. elle s'est remise à respirer en enchaînant l'inspire à l'expire.

La verbalisation en fin de séance permet le partage du vécu, celui de la personne et du mien, d'y mettre des mots, de la distance par rapport aux traumatismes ainsi en repassant par le cortex associatif la personne peut l'intégrer dans la vie quotidienne.
Un vécu primaire sans mots, sans accompagnement, peut être dédramatisé par un revécu partagé, il se crée alors pour la personne des changements dans ses perceptions, des dissolutions de croyances, d'attitudes répétitives face à la vie et aux autres.
Un transfert positif peut aussi s'opérer.
D'autant plus que ces séances se terminent toujours bien :
  • " Je me sens plus détendue, paisible "
  • une plus grande oxygénation du cerveau produit un décrassage cellulaire en éliminant le CO2.
  • une détente de toute la musculature.
  • un apaisement du système neuro-végétatif.
  • un massage des organes viscéraux par le mouvement du diaphragme.
  • une revitalisation de tout l'organisme.


Deux exemples cliniques
Même si une retenue respiratoire est souvent une retenue d'émotions, il est souhaitable que l'accompagnateur reste très souple dans ses interventions. Le respect et l'écoute de l'autre sont les priorités.
Exemple : j'ai eu quelqu'un qui : après trois, quatre respirations, s'arrête, refait trois, quatre respirations, s'arrête… les larmes coulent… Quand il se relève après avoir " beaucoup respiré ", dit-il, il a tous les symptômes de quelqu'un qui a hyperventilé (vertiges, déconnection) et il se sent bien, détendu. Que demander de plus pour le moment, il est enchanté du travail, c'est vraiment ce qu'il lui fallait en complément d'une autre thérapie verbale chez un psychiatre. Il contacte ses émotions, a des images qui apparaissent, des sensations qu'il peut relier à certains faits. Peut-être que, pour lui, le fait d'être simplement allongé à l'écoute de ce qui se passe en respirant à son rythme, lui amène les émotions et les images nécessaires à son évolution.

Un autre cas clinique concerne une jeune femme qui, après avoir vécu une extrême sensation d'étouffement accompagnée de transpiration excessive, ne se sentait pas bien, elle avait encore quelque chose à vivre, alors qu' elle était sortie de l'état d'hyperventilation.
Voici un extrait du déroulement de son travail :
Elle avait fait quelques séances avec tétanies, émotions puis n'avait plus rien retiré des séances suivantes. Elle n'arrivait plus à entrer dans le rythme inspire-expire et restait dans son mental (H.P.). Elle m'avait donc demandé de vraiment la pousser à l'hyperventilation, ce que j'ai fait en lui disant : " prend l'air, allez, prend l'air… " (ce qu'elle a ensuite associé à ses tétées au sein de sa mère : " prend le lait, allez, prend le lait… " alors qu'elle ne sentait aucune envie de vivre…..)
Elle a amplifié sa respiration, s'est mise à transpirer abondamment, a ressenti de l'étouffement, une impression d'incapacité de continuer à respirer puis tout s'est calmé. Quand elle a ouvert les yeux et parlé du mal être qu'elle continuait à ressentir, je lui ai demandé comment elle avait envie de se mettre : elle s'est couchée sur le côté en foetus, je me suis assise derrière elle, j'ai posé une main sur son sacrum et une autre plus haut sur son dos. Elle a ensuite pleuré, évoqué le désir de sucer son pouce, ce que je l'ai invitée à réaliser.
Nous sommes restées ainsi une dizaine de minutes sans parler et puis elle s'est relevée en se sentant très bien, apaisée, et en quittant le local, elle s'est arrêtée sur le seuil pour prendre une grande inspiration…...
Le temps accordé au besoin de vivre ces pleurs, cette succion du pouce en position de fœtus soutenu ont permis de terminer le processus émotionnel enclenché par l'hyperventilation et ainsi clôturer la séance de manière positive.

La thérapie par le souffle est un processus qui nous permet de rejoindre la théorie de Jung sur l'imagination active.
  • Laisse advenir : c'est le temps de la respiration.
  • Considérer : c'est le temps de la verbalisation après le temps de respiration. Par la parole, le sujet peut se dégager de ses difficultés et de l'émotion qui a été libérée, il peut prendre de la distance pour ensuite se confronter.
  • Se confronter : c'est-à-dire en tirer les conséquences.
Rien ne peut effacer le fait que celà soit arrivé et qu'un sens aurait pu être exprimé si le sujet en avait assumé les prémices. Il peut maintenant chercher à en évaluer l'impact sur sa vie quotidienne .

FIN de séance : reprise de contact avec le réel….., taper les pieds sur le sol, mobiliser son corps….

Quelques infos pratiques
Un processus dure
  • 10 à 20 séances mais peut durer tant que la personne en éprouve le besoin.
  • En individuel, en groupe ou les deux alternativement.
  • Il ne faut pas trop d'espace entre les séances pour laisser jouer l'accumulation.


Marie-Agnès van Eeckhout-Gueur




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